Les Compagnons, bâtisseurs des temps modernes

Les compagnons du devoir et du tour de France symbolisent une tradition française qui a su évoluer, grandir, se transformer… pour continuer d’exister.

Héritiers des bâtisseurs de cathédrales

©Frederic Boyadjian

Si le compagnonnage est affaire de transmission, de fraternité, de voyage, de perfectionnement des savoirs, il est aussi l’héritier de mouvements ouvriers datant du temps des cathédrales. Dans un XIIIe siècle des bâtisseurs, certains maçons, charpentiers, tailleurs de pierre et autres métiers de la construction se sont affranchis de leurs tutelles au mépris des lois médiévales. Subversifs, ils ont prôné l’épanouissement ouvrier, élaborant un modèle fondé sur la solidarité et l’itinérance. Au fil des siècles, ils se sont organisés dans différentes sociétés compagnonniques qui ont traversé l’histoire avec autant de tumultes, répressions et divisions, que d’évolutions… jusqu’à presque disparaître au moment de la révolution industrielle.

L’ère de la modernisation

Finalement, le XXe siècle marquera la modernisation de ces mouvements avec la création de l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir en 1941, de la Fédération compagnonnique ou Compagnon du Tour de France, en 1953. Suivra un demi-siècle de reconstruction et de modernisation du compagnonnage qui retrouvera même ses plus belles couleurs.

Un moyen unique de transmettre les savoirs

En 2010, l’UNESCO inscrit le mouvement entier au patrimoine culturel immatériel de l’humanité : le système français du compagnonnage est un moyen unique de transmettre des savoirs et savoir-faire, comme il est indiqué dans les spécifications de l’organisation mondiale. « Et pourtant, des amalgames existent encore entre compagnons et franc-maçon, alors que nous sommes une institution de bâtisseurs fondée sur la conservation et la transmission des techniques traditionnelles et modernes », s’insurge Mickaël Adler, compagnon et formateur au CFA de Paris-Saint-Thibault-des-Vignes. Ni société secrète ni entité fermée, la Fédération compagnonnique à laquelle il appartient offre aujourd’hui à n’importe quel jeune déjà formé dans un des 25 métiers du compagnonnage, une méthode de perfectionnement sans équivalent : le tour de France.

©Frederic Boyadjian

« Devenir compagnon, ce n’est pas un apprentissage, mais un enrichissement de ses connaissances, et des techniques propres à son corps de métier », rappelle-t-il. « Voyager, découvrir et apprendre les techniques d’ailleurs, c’est ce qui m’a attiré lorsque j’ai décidé de m’engager dans un tour de France », se souvient Christophe Bourgoin, compagnon couvreur également formateur au CFA de Paris-Saint-Thibault-des-Vignes.

Cette période dite d’apprentissage dure entre 4 et 7 ans ; elle consiste à rallier différentes régions et Maisons des compagnons (il y en a 30 dans toutes les grandes villes de France). « A chaque étape, on s’immerge dans les techniques d’un territoire selon une organisation identique : entreprise la journée, et cours le soir », poursuit Christophe, qui ne manque pas d’ajouter : « être compagnon, c’est aussi acquérir un savoir-être. Au-delà des techniques et du devoir de transmettre, nous portons des valeurs de fraternité et d’humanité. »

CFA Compagnonnique du Tour de France

2, rue de Guermantes

77400 Saint-Thibault-des-Vignes