La peinture murale : expression monumentale

Dans le street art ou dans les églises, la peinture murale revêt différentes formes et dévoilent des projets d’artistes multiples

Retour quelques années en arrière sur l’événement We art urbain dont les œuvres monumentales nous avaient fascinés… puis direction l’église Notre-Dame de Lesches.

Retour sur : We art urbain, la fête du street art

Les 16 et 17 mai 2015 We art urbain, la fête du street art s’installait sur le site de l’ancien hôpital St-Jean : peinture, graffiti, installations. 3 000m² d’espace en plein air ont été mis à la disposition de graffeurs que nous avions rencontrés pour l’occasion.

Une exposition éphémère à ciel ouvert

Le street art raffole d’ouvrages monumentaux et prend la rue comme terrain d’expression, ainsi que les friches. À l’instar du projet artistique et éphémère mené par l’association Act’art sur le site Saint-Jean de l’ancien hôpital de Lagny-sur-Marne. Une vingtaine d’artistes et de collectifs ont mis en peinture leurs œuvres pour une exposition éphémère à ciel ouvert.

Comme l’écrivain est confronté à l’angoisse de la page blanche, le peintre est angoissé par le trop; l’immense espace à couvrir, sans savoir par où commencer.

« Comme sur ces 20 mètres de palissade de chantier à peindre ; j’ai pu démarrer à un endroit parce qu’il y avait un trou ; une toute petite zone différente », se souvient Jordane Saget, street-artiste qui travaille essentiellement à la craie à Paris et ailleurs.

Ici: L’artiste grapheur Bishop Parigo, qui figure parmi les artistes emblématiques Latignaciens. ©Marion Kremp

De l’allégorie à l’amiante du portugais Pantonio symbolisée par ce monstre vert en façade du bâtiment Fournier datant des années 70, au clown de carnaval, sujet fétiche du Chilien Inti, tenant un agneau dans les mains et un couteau entre les dents, les nacelles ont dansé et porté les deux muralistes.

Ceux œuvres parmi les douze que comptait l’exposition ont ainsi présenté aux visiteurs la diversité esthétique du street art : la craie de Gilbert, les collages de Surfil et Treize Bis, le lettrage de Juan, le style spaghetti de Legz…

Des compositions résolument éphémères puisque la démolition du site est déjà entamée…

La sixtine de Lesches

A quelques pas de Lagny-sur-Marne, dans le village de Lesches, se trouve une fresque  monumentale étonnante. Suivez-nous…

À peine poussée la porte de la petite église de Lesches, les couleurs apparaissent si lumineuses qu’elles viennent régaler nos sens dans une harmonie inexpliquée. « L’ensemble a été conçu pour interpeller », précise Nicole Michigan, artiste peintre et signataire de cette fresque monumentale.

Deux années auront été nécessaires à la préparation du projet. Un temps qu’elle a réparti entre lectures et ébauches des 235 scènes qui composeront son œuvre : « Il a fallu me replonger dans la bible. Enrichir mes connaissances à partir d’ouvrages empruntés à mon frère, qui est pasteur », explique-t-elle. En effet, Nicole Michigan tenait à illustrer les fondements de la religion chrétienne, en évacuant les ajouts qui ont pu venir en déformer le sens originel.

Travail précis et œuvre majeure d’une vie

Pendant plus de 6 ans, elle a peint tous les jours, juchée sur son échafaudage avec, en hiver, un petit chauffage électrique pour seul confort, et une bouteille d’eau : « quand l’eau gelait, j’arrêtais de peindre, se souvient-elle ; cela signifiait qu’il faisait trop froid pour que les pigments tiennent ! »

De 1983 à 1989, elle joua ainsi de son enduit d’abord, puis travailla ses fonds, sublima ses pigments. « J’avais choisi de ne pas utiliser la technique a fresco, mais de peindre à l’huile qui convenait mieux à nos climats humides », ajoute-t-elle.

« Quand on peint un ensemble comme celui-là, Il faut démontrer quelque chose, définir un fil conducteur. Mon idée a été de signifier que Jésus était bien le Messie annoncé par les écritures », note-t-elle.

Pieuse, elle n’en demeure pas moins artiste. Sa composition évoque la vie de Jésus, au fil des scènes l’histoire de l’Ancien Testament, selon des codes couleur établis : le vert pour ses actions, le bleu pour les paraboles, le violet pour les trois résurrections du Christ.

« Et dès que j’ai pu mettre en avant une femme, je n’ai pas hésité. Il y en a si peu dans la bible », sourit-elle. D’aucuns ont appelé sa fresque la « Sixtine de Lesches » ; une chose est sûre, Nicole Michigan a fait don de son talent en s’investissant dans cette œuvre liturgique.